Personnes présentes :

Emmanuel FAIVRE, Administrateur du Labo Rural

Olivier Bazin, Directeur opérationnel, BFC

Thomas DELBAERE, Responsable Production de la Plateforme courrier Lure Luxeuil.

Lydie MINNE, encadrante de proximité

Pascal PHEULPIN, facteur – secteur de Luxeuil 

Virginie HERNANDEZ, Responsable action commerciale, ex factrice

Alexandra, déléguée territoriale du Groupe en La Poste Haute-Saône et Territoire de Belfort

Florence PUIG, déléguée au développement régional du Groupe La Poste en BFC

Florence BOUVIALA, 

 

Contexte :

Le Labo rural s’associe avec La Poste pour mener une réflexion commune issue du terrain autour du rôle et de la place du facteur de demain au cœur de la ruralité. Depuis plusieurs années, La Poste invente de nouvelles interventions dans les territoires. Le métier de facteur est en constante évolution et pourtant il reste en milieu rural un acteur spécifique à forte ressource de par sa proximité, sa connaissance des lieux et des gens, son image positive. Dès lors, il paraît intéressant de voir comment le facteur (en tant qu’agent mais aussi que ressource porteur de compétences) peut s’intégrer dans les 4-5 enjeux majeurs pour l’avenir de la ruralité et ainsi fournir une réponse ou s’intégrer dans une réponse plus globale à chacun de ces enjeux en essayant d’identifier des solutions concrètes à expérimenter. 

En effet de nombreuses solutions sont expérimentées sur le territoire, mais ça bloque pour leur généralisation car il n’y a pas forcément de cohésion entre ruraux, ils ne font pas suffisamment réseau ; 

La Poste est un Groupe au plus près du terrain, avec les facteurs, elle a un atout majeur grâce à leurs proximités avec le public et leurs images positives. 

Le but de ce groupe de travail est de prendre le contre-pied d’une stratégie d’entreprise du territoire, d’identifier les besoins du territoire et d’essayer d’y répondre. De définir quels sont les enjeux de la ruralité, de poser un diagnostic sans le noircir. De trouver les points forts et les points faibles de la ruralité.

 

Les quatre grands enjeux de la ruralité  :

- Etre plus visible dans les statistiques et les réflexions théoriques
- Construire une nouvelle communauté de vie rurale en phase avec l’avenir et non dans la nostalgie  
- Réduire les inégalités territoriales 
- Re-doter le rural de matière grise et redonner à sa jeunesse de l’ambition 

Lors des échanges, le groupe de travail a focalisé son attention sur deux des quatre enjeux. 


1/ Etre plus visible au niveau des statistiques 

Le rural n’apparaît pas ou plus dans les statistiques INSEE, il a disparu des radars. De nombreux villages sont classés par l’INSEE comme des pôles urbains alors que leurs habitants ne se vivent pas du tout comme des citadins (bon sens populaire).

Il n’y a pas qu’un monde rural guidé par une unité paysagère mais une grande diversité de ruralités. Il faut mieux parler de traits de caractères car le rural n’est plus un monobloc agricole. 

Il est aussi très important de trouver comment représenter les richesses du rural au-delà des chiffres.

Les richesses du monde rural ont très longtemps été sous estimées par les acteurs ruraux eux-mêmes : biens communs naturels (air, eau, biodiversité : les aménités rurales !) et sociétaux (temps, cadre de vie, relations sociales, faire société…). 

2/ Construire une nouvelle communauté de vie rurale

Les modes de vie ont tellement changé que nos villages sont transformés. Or, il y a souvent un refus des évolutions avec des défenses médiatiques de bureaux de poste et de classes uniques dans les villages, des opérations SOS villages chère aux médias qui sont en fait contre productives. 

C’est l’exemple du pôle éducatif, l’important est de garder de bonnes conditions d’éducation et pas de garder une classe unique par village pour faire plaisir à l population ou aux élus. 


Les anciennes solidarités villageoises s’estompent et notre modèle de vie n’en génère pas d’autres ou alors elles sont trop administrées ou artificielles. Il manque des espaces, des occasions d’expression collectives, des liens entre les villageois qui ne doivent pas être trop administrés. Il faut de la souplesse, de la flexibilité sans en attendre des miracles. Et pour cela le rôle des élus municipaux doit aussi évoluer pour accompagner ses changements.

La réinvention des solidarités passe par de nouvelles habitudes, qui doivent être impulsées par les ruraux eux-mêmes. Comme l’émergence de journée citoyenne (nettoyage de la commune) qui réunit de plus en plus de monde ou lors du 1er confinement, la réalisation de masques ou de visière par des particuliers a beaucoup aidé pendant la récente crise sanitaire, même si les normes n’étaient pas respectées.

Les normes sont souvent un problème, pour un nouveau modèle rural, il est important de faire confiance, avoir de la souplesse

 

Présentation de la ressource « facteurs » :


Le rôle premier du facteur est la distribution de courriers, colis, imprimés publicitaires.

Depuis plusieurs années, il est accompagné d’un Smartphone (Factéo) qui lui permets de réalisé efficacement différentes opérations. Signature sur le Smartphone, rappel des services exceptionnels à réaliser (ex : colis à prendre dans une boite à lettres, contrat à récupérer…)

Le facteur a de moins en moins de courrier à distribuer et la forte augmentation des colis ne compense pas tout. Le facteur de demain sera forcément orienté services ou ne sera pas. 

Le confinement a montré l’importance des facteurs par le lien humain qu’ils apportent, leur force est la confiance qui leurs est accordée. Il y a souvent une interaction avec le facteur, les clients se livrent, il y a une « collecte naturelle » d’information.

Les services déjà travaillés et « packagés » sont la sécurité (vigie urbaine), le lien humain (veiller sur mes parents..), différents portages (médicaments, produits culturels…)

Ces services ont toujours été « délivrés » par les facteurs, mais selon leurs envies et pas régulièrement.

C’est cette normalisation qui permet aux facteurs de faire partie de l’organisation d’un territoire au niveau de l’accès au soin ou autre.

 

Identification des premières interactions « enjeux » - « ressources facteurs » :

Des échanges, il apparaît que les services délivrés par les facteurs devront être une brique d’un dispositif territorial plus large. Ils constituent une ressource qui devra s’intégrer dans un process défini par et pour un territoire dans une approche sur-mesure. 

Les enjeux de la ruralité traités par le Labo Rural et La Poste

Trois champs d’interactions entre des enjeux majeurs d’avenir pour la ruralité et la ressource que constitue le facteur de demain ont émergé des échanges : 

L’inclusion numérique : Il est indéniable que les usages numériques annihile les distances, les plateformes de ventes en lignes permettent à tous les français d’accéder aux mêmes produits... Il faut que chacun ait accès à une connexion numérique et il faut arriver à inclure ceux qui sont à côté des usages numériques.

L’accès aux soins : l’organisation avec des médecins de campagne corvéables et hyper présents 24h/24h est terminée. Comment passer à un autre modèle sans délaisser des habitants et des zones entières ? Il y a des mesures nationales à prendre (quota de médecins par zone, …) mais aussi des mesures d’organisation plus locales d’une communauté de soins avec différents acteurs qui pourraient chacun jouer un rôle dans une recherche de complémentarité. La mobilisation d’acteurs pas forcément médicaux devient de plus en plus opportun et le facteur pourrait en être … Des expériences pratiques laissent à penser que c’est une ressource mobilisable. 

Réinventer des communautés de village, les solidarités : Des actions d’écoute ou d’échanges quotidiens pour les personnes les plus fragiles et/ou les plus isolées permettraient de recréer du lien, de la sécurité, des formes de fraternité… Ce sont plusieurs petites briques ainsi agencées et plus ou moins organisées qui peuvent redonner dans un bourg une vie de village différente de celle du siècle dernier mais qui donnent un sens collectif. Le témoignage de Pascal est très instructif quant à l’apport pour les personnes concernées (ici une personne âgée) mais également pour le facteur lui-même dans son exercice professionnel qui prend tout son sens et apporte une satisfaction immense. 
 


Prochaines étapes :

Un prochain RDV sera fixé en février 2021 pour tenir la deuxième séance de travail visant à creuser ces trois chantiers d’interactions entre enjeux et ressource
La Poste informera le Labo Rural des bonnes pratiques déjà référencés dans le cadre de son partenariat avec la Banque des Territoires.
Le Labo rural produira en amont de la séance de travail un premier schéma des interactions potentielles pour chacun des trois chantiers